Lettre de synthèse à J Ward : projet

M. John Ward
Responsable du Pôle Accomagnement de Développment Social
IRTS Montrouge/Neuilly-sur-Marne
150, rue Paul Vaillant Couturier
93300 Neuilly-sur-Marne




Neuilly-sur-Marne, le 12 novembre 2009

Nous avons le plaisir de vous présenter notre travail réalisé à l’occasion de la session « Découverte Métiers » animée par Mme Dominique Foudrat et M. Joël Kerouanton pour notre formation d’assistantes de service social.

Cette session a été initiée par une création aléatoire des groupes d’étudiants nous permettant d’une part de faire connaissance avec d’autres membres de notre promotion et, d’autre part, de se positionner de façon réaliste par rapport à notre future profession : apprendre à travailler dans une équipe composée par la force des choses et pas par les affinités.

Les documents présentés par nos formateurs nous ont amenées à nous interroger sur les limites humaines de l’exercice de la profession d’assistante de service social : résistance morale aux malheurs des usagers, implication professionnelle débordant sur la vie privée, respect du secret professionnel s’il est trop lourd à tenir, limitations de l’engagement ou de l’envie d’agir par l’éthique, la déontologie et / ou la loi.

A l’unanimité, le développement de notre recherche quant à ces questionnements s’est déroulé en deux temps : une approche théorique d’abord, afin de clarifier les notions et étudier les recherches précédentes ; une approche pratique ensuite, autour d’interviews à des professionnels variés du secteur social.

Dans un premier temps, les recheches théoriques ont eu lieu en bibliothèque et ont usé de supports divers : encyclopédies, rapports ministériels, ouvrages professionnels, et internet. Nous avons écrit notre propre définition de l’engagement professionnel pour synthétiser ces éléments : « L’engagement professionnel se définit par l’implication de la personne dans son travail, donnant une part importante d’elle-même : elle se responsabilise, assume ses actes, et veille au respect d’une éthique et, le cas échéant, de la déontologie. Tout cela permet de donner du sens à son travail et assure sa motivation. Dans tout métier, une part d’engagement est nécessaire mais, pour les travailleurs sociaux, il est démultiplié : il constitue une des bases de la profession. Toutefois, l’engagement professionnel peut déborder sur la vie privée. Il faut que le travailleur social se positionne par rapport à cette implication et s’y maintienne pour ne pas mettre en danger sa propre intégrité. »

A partir de cette définition, et après de nombreuses adaptations, nous avons élaboré une grille d’entretien sommaire mais permettant l’ouverture à d’autres questionnements et surtout la liberté d’expression de la personne interrogée :
1. Pouvez-vous vous présenter et nous présenter votre travail ?
2. Pourquoi et comment avez-vous été amené(e) à excercer cette profession ?
3. Face à une situation bouleversante d’un usager, qui vous touche particulièrement, comment réagissez-vous ?

Dans le second temps de notre travail, cette grille a été présentée à un champ relativement élargi d’intervenants : une première part était composée de connaissances personnelles (famille, amis, relations) afin d’une part de faciliter l’accès à l’information et d’autre part de permettre peut être plus d’intimité dans les réponses ; la seconde part des personnes interrogées a été assurée par les intervenants bénévoles du Guichet Unique de Bondy, grâce à l’intervention bienveillante de son coordinateur, M. Attyasse.

Les réponses ont été variées et leur synthèse difficile. Toutefois, nous avons mis en exergue plusieurs éléments redondants, pouvant nous amener à nous questionner sur notre choix d’entrée en formation. Nous avons d’abord noté un altruisme certain. Les motivations donnant naissance à cet altruisme étant elles-mêmes assez variées, force est d’admettre que ces professionnels ont une certaine vocation pour aider les autres, mettre au service des plus vulnérables, ou des personnes simplement touchées par la fatalité, leurs connaissances et leurs compétences, dans un certain souci d’équité. Ensuite, nous pouvons noter également que chacun, à son niveau, participe au lien social, à l’existence de la cohésion sociale et à la périnisation du contrat social.

En passant du gagne-pain au sacerdoce défendu avec fougue, les motivations des uns et des autres sont trop diverses que pour être synthétisées et nos intervenants trop peu nombreux que pour présenter une statistique. Nous pouvons pa contre indiquer que les réactions face aux situations touchant le travailleur social dans son humanité profonde sont très différentes : certains en feront des insomnies sans en parler à personne, d’autres bénéficieront d’un soutient assuré par des collègues ou un psychologue, d’autres enfin réagiront avec une simple rationnalité et se protègeront par les lois et limites hiérarchiques.

Par rapport à cette expérience de formation et à cette recherche, les conclusions sont de deux ordres.

Premièrement, nous avons été confrontées à nos propres limites et aux limites des unes et des autres dans la composition de cet exposé : chacune a pu en apprendre plus sur elle-même et son comportement professionnel en groupe, face à une hiérarchie et face à des intervenants extérieurs.

Deuxièmement, les réponses à la grille d’entretien apportées par les intervenants nous amènent à un questionnement plus intime sur nos propres motivations et sur le travail que nous seront peut-être amenées à assurer dans l’avenir, sur notre propre caractère et nos propres résistances face aux drames touchant d’autres humains en quête d’aide et de réponses.

Finalement, il nous est difficile de vous présenter une conclusion commune à cette session, autre que la naissance en chacune de nouvelles réflexions sur son cheminement personnel et professionnel. Si la finalité de ce cours a été difficile à discerner dans les premières heures, la rédaction de ce courrier l’éclaire.

En vous remerciant de votre attention, veuillez agréer l’assurance de nos sentiments les plus distingués,

Le groupe 9 de Carreau