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 [Actu] Récidive et crimes et délits sexuels

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Kem

Kem


Messages : 103
Date d'inscription : 25/09/2009

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MessageSujet: [Actu] Récidive et crimes et délits sexuels   [Actu] Récidive et crimes et délits sexuels EmptyLun 5 Oct - 21:17

Citation :

Pierre Lamothe : "Nous avons beaucoup plus de volontaires pour la castration chimique que d'indications médicales réelles"

LEMONDE.FR | 02.10.09 | 12h10 • Mis à jour le 02.10.09 | 16h11


Dans un chat au Monde.fr, Pierre Lamothe, chef du service médico-psychologique régional de Lyon, revient sur la polémique sur la récidive des délinquants sexuels.
Précis: Pouvez-vous expliquer précisément ce qu'on entend par "castration chimique" ?

Pierre Lamothe: La communauté française n'aime pas ce terme et préfère employer l'expression "aide chimique au contrôle des pulsions". Il y a plusieurs médicaments qui peuvent être utilisés, mais l'une des voies est de travailler au niveau hormonal, en sachant que les hormones ne font pas tout dans la pulsion sexuelle. En particulier, il n'y a pas de proportion entre taux d'hormones circulant dans le sang et intensité des pulsions sexuelles.

Le principe est d'attaquer à deux niveaux possibles : soit en périphérie, sur les hormones qui sont déjà dans le sang, en les rendant inactifs, soit en empêchant leur production au niveau central, en trompant en quelque sorte le système de régulation, comme s'il retrouvait une situation pré-pubertaire.

Le premier traitement anti-hormones est un traitement oral, l'autre est un traitement intramusculaire. Serge Stoléru mène actuellement une étude ambitieuse et respectueuse de l'éthique pour tester objectivement l'efficacité de ces deux techniques l'une contre l'autre.

abankor: Pensez-vous que Frédéric Lefebvre accepterait, pour l'exemple et par conviction, que l'on expérimentât sur lui la castration chimique ?


Pierre Lamothe: Nous avons beaucoup plus de volontaires pour la castration chimique que d'indications médicales réelles. Il est habituel chez le pervers de déclarer que son comportement s'origine à l'extérieur de lui-même. Si ce sont ses hormones ou ses gènes qui déclenchent ses pulsions, il peut en être quasiment spectateur en disant : "Ce n'est pas ma faute. Soignez-moi et tout rentrera dans l'ordre". Et cette demande est très ambiguë et n'est pas un très bon préalable aux soins.

Le soin consiste au contraire à réconcilier un pervers avec son fonctionnement pour qu'il le contrôle et non pour qu'il en soit l'esclave complaisant.

castille: L'appliquer n'est-ce pas reconnaître que l'on ne peut rien faire pour certains délinquants sexuels ?


Pierre Lamothe : Je ne crois pas que j'aie jamais reconnu qu'on ne pouvait rien faire pour un délinquant sexuel. C'est peut-être difficile sur le plan sémantique, mais c'est indispensable sur le plan philosophique et sur le plan de l'éthique médicale de ne pas considérer qu'on ne peut rien faire lorsque, dans certains cas, on n'a rien fait d'efficace. Où en seraient la cancérologie et la médecine en général si on avait appliqué ce pragmatisme forcené ?

marius: Vous parlez d'"aide chimique au contrôle des pulsions" ; ce terme est éthiquement plus acceptable, mais le procédé n'est-il pas aussi irréversible que la castration chirurgicale ?

Pierre Lamothe : Non, le procédé n'est pas irréversible. Il a des inconvénients du point de vue des effets secondaires, entre autres le fait que les hormones féminines prennent le pas et qu'apparaissent ainsi des spécificités des femmes : les hommes gardent leurs cheveux mais font de l'ostéoporose sous traitement !

Nous avons beaucoup de recul malgré tout sur un retour à certaines capacités sexuelles à l'arrêt du traitement, même s'il existe indiscutablement une "involution" de l'appareil sexuel (réduction de taille des testicules).

La castration réelle que certains ont proposée de façon radicale, que certains criminels ont même réclamée en alternative à leur peine, n'est pas une solution, car on peut toujours se procurer des hormones en compensation comme l'ont fait certains sportifs pour développer leur masse musculaire. D'autre part, il était connu dans les gynécées latins que les eunuques pouvaient être de bons amants inféconds, joignant l'utile à l'agréable.

marius: Peut-on dans ce cas prescrire, même en cas de consentement, un 'médicament' présentant ces effets secondaires ?

Pierre Lamothe : C'est une question éthique importante et qui est en débat, qui montre bien la nécessité du consentement. La communauté médicale et les personnes qui prennent en charge les auteurs de violences sexuelles (AVS) souhaitent toujours considérer le soin dans son ensemble, et l'aide chimique en est un élément, accompagné par tout un ensemble de soutiens, sociaux et psychothérapiques.

Il existe sur le plan national onze centres-ressources pour les intervenants auprès des AVS. Dans la région Rhônes-Alpes, il y a le CRIAVS, dirigé par André Ciavaldini, moi j'anime la délégation lyonnaise. Ces CRIAVS sont un des espaces de discussion sur le rapport bénéfices-risques de ces traitements et le maintien de l'éthique dans le soin.

Gigoeland: Que pensez-vous du discours de Nicolas Sarkozy qui déclare qu'il faut "réformer la psychiatrie criminelle" ? La réformer dans quelle sens selon vous ?

Pierre Lamothe : Réformer, peut-être pas, l'aider à évoluer, bien entendu. Adopter la même attitude que le pervers en plaçant son comportement ou la solution à son comportement dans une cause unique ou une mesure identifiée relève de l'imaginaire et d'une logique "managériale", malheureusement trop répandue et qui ne tient pas compte des réalités, de la psychologie et de l'humanité en général.

Nous devons tous nous impliquer dans la prise en charge et l'évaluation du problème, mais sans le réduire au cas isolé de tel ou tel violeur récidiviste spectaculaire, complètement marginal sur le plan statistique, même s'il occupe une place disproportionnée dans les médias.

La psychiatrie "criminelle" est tout simplement la psychiatrie, travaille en sérénité au quotidien avec les juges, les services sociaux et la cité, et maintient un grand nombre de délinquants sexuels qui sont encore sujets à leurs pulsions dans un équilibre où ils ne passent pas à l'acte et où ils restent dans une relation thérapeutique.

Clara: Que peuvent les suivis psychologiques pour les délinquants sexuels ?

Pierre Lamothe: Le suivi psychologique n'a pas pour fonction (pas toujours !) d'être à l'origine d'une mutation magique qui transformerait le sujet et son fonctionnement. En revanche, le suivi psychologique est la marque d'une ouverture et d'un dialogue avec l'autre, représenté par le thérapeute, qui évite de laisser le sujet seul avec ses pulsions et constitue un jalon régulier très important sur lequel il peut compter et auquel, à l'occasion, il finira par s'ouvrir à son tour.

Ce n'est que par "l'empathie", c'est-à-dire la capacité à comprendre (ce qui ne veut pas dire accepter ou encore moins approuver) le fonctionnement mental d'autrui, que l'on peut espérer que cet autrui, délinquant sexuel ou loubard de banlieue destructeur, devienne à son tour empathique et fasse une place, dans le respect de la personne, à l'autre qu'il a nié dans son passage à l'acte.

Utilisateur2: Existe-t-il un profil type d'auteurs de violences sexuelles (AVS) ?

Pierre Lamothe: Le danger est bien, justement, de réduire la personne aux aspects extérieurs de son comportement, et en particulier de son comportement délinquant. Deux mêmes actes n'ont pas forcément le même sens et il existe effectivement des profils très différents chez les auteurs d'infractions à caractère sexuel. Pour faire simple, en fonction de leur solidité "narcissique" et de leur tendance à l'emprise sur l'autre, ils sont plus ou moins conquérants et violents ou, au contraire, plus ou moins dans la séduction et la connivence.

On ne peut pas a priori postuler que les dégâts psychiques commis par la première catégorie seront plus terribles que ceux de la deuxième, mais la capacité de s'autocritiquer et de se mettre en cause varie selon ces profils et elle est un des éléments importants de la possibilité thérapeutique et du pronostic.

lachoucroutegarnie: Combien de personnes sont considérées comme des auteurs de violences sexuelles aujourd'hui en France ?

Pierre Lamothe: Il est certain que notre législation, notre culture récente, peut-être en réaction à une tolérance trop grande antérieure, nous amène à un taux de poursuite des AVS très supérieur à d'autres pays et à la situation d'il y a dix ans. Pour autant, peut-on dire qu'il y a davantage d'AVS ?
Ce n'est pas certain. Et il convient de prendre en compte aussi que beaucoup de passages à l'acte sont encore non dénoncés. Il y a sans doute plus de passages à l'acte bénins qu'on ne le pense, notamment à l'intérieur du cercle familial.

En revanche, un nombre sans doute inférieur au fantasme collectif pour ce qui concerne les actes graves. Il existe une rumeur qui laisse entendre que le nombre de viols pourrait être de cinq, voire dix fois le nombre réellement poursuivi par la justice.

Je reste persuadé, pour ma part, que le nombre de viols non signalés et non poursuivis est bien plus faible. Beaucoup de viols "conjugaux" ou se déroulant dans le cadre d'une relation avec une personne identifiée sont certes gardés dans l'intimité, mais leurs caractéristiques criminologiques ne recouvrent pas toujours la même réalité.

Gertrud: Est-il vrai qu'une partie des actes de violence sexuelle doivent en réalité s'analyser comme des actes de violences, ce qui pourrait signifier que réduire les pulsions sexuelles pourrait être sans effet pour des personnes qui passeraient alors à l'acte différemment ?

Pierre Lamothe: Il est exact que chez des personnes au fonctionnement peu élaboré sur le plan mental et qui sont déjà souvent dans l'emprise sur les autres, les réactions violentes peuvent "passer par le sexuel" sans avoir le caractère de "relation sexuelle".

Les psychiatres ont l'habitude d'opposer la sexualité dite "génitale", c'est-à-dire une sexualité mature dans l'échange et le respect de l'autre, à la sexualité "prégénitale", qui conserve des reliquats des expériences infantiles, pulsion orale, pulsion anale, pulsion "phallique"... qui normalement s'intègrent dans l'activité sexuelle adulte de façon respectueuse et harmonieuse, mais qui peuvent aussi s'exercer de façon isolée pour leur propre compte. Et pour décharger par le passage à l'acte une excitation non spécifique de l'auteur : mordre, salir, dominer en pénétrant... L'autre, en tant que personne, est absent de ce comportement.

Robot: Quel est le taux de récidive des délinquants sexuels ?

Pierre Lamothe: Le taux de récidive à l'identique est extrêmement bas pour les actes graves. Le chiffre de 1,6 % en ce qui concerne les violeurs avec meurtre ou acte de violence grave sur la victime a été avancé. La récidive du viol "simple", répétitif, est plus fréquente, de l'ordre de 5 à 6 %. Mais beaucoup plus de violeurs sont des "délinquants généralistes" qui commettent d'autres actes (violences ou vols) que les autres AVS. 10 à 15 % des violeurs ont une autre inculpation qu'une inculpation à caractère sexuel.

Les pères incestueux peuvent commettre des actes multiples (abusant par exemple plusieurs de leurs enfants), mais la plupart ne récidivent pas lorsque la justice passe. Le taux de récidive est de 3 % et souvent sur un enfant extérieur à la famille.

Les pervers pédophiles ont, eux, un taux de récidive beaucoup plus important, et malheureusement, certains deviennent assez habiles pour récidiver sans se faire prendre...

maggy: A-t-on les moyens de réduire ce taux de récidive ?

Pierre Lamothe: Le moyen de réduire ce taux de récidive ne consiste sûrement pas à enfermer le délinquant sexuel en prison ou chez lui. Nous ne pouvons que vivre avec le risque de l'autre. Mais nous devons proposer en permanence aux AVS une "porte de sortie vers le haut". Nous les attendons dans le monde de la sexualité adulte et mature, nous les attendons dans l'humanité et dans le respect de l'autre. C'est nous qui devons récidiver dans cette attitude, et non les contraindre à ne pouvoir occuper que la case "monstres"...

cat: Ne faut-il pas simplement augmenter les moyens des services médicaux et psychologiques en détention afin de garantir un véritable suivi ?

Quand un psychiatre public dit qu'il a assez de moyens, on l'enferme avec ses malades ! Cependant, il est faux de laisser entendre que les moyens peuvent tout régler. L'Etat et la nation font des efforts de financement permanents malgré la situation économique (il existe un plan de lutte contre la récidive des AVS financé et en cours d'application). Il faut aussi prendre l'attitude que je viens de recommander.
La prise en charge des AVS n'est pas quelque chose qui se sous-traite exclusivement aux professionnels. L'attitude de nous tous, citoyens, les uns envers les autres, parents avec nos enfants, a autant d'importance dans le "maillage thérapeutique" que l'argent qu'on donnerait aux spécialistes.
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